« En 1973, le président Houphouët-Boigny est arrivé en visite officielle aux États-Unis. Je fus parmi les étudiants retenus par l’ambassade pour être le guide de la délégation présidentielle, pendant son séjour aux États-Unis, avec une permission spéciale de nos établissements scolaires, sous demande de l’ambassade de Côte d’Ivoire. »
Réception des étudiants MEECI a Waldorf Astoria hôtel à New York par Le Président Houphouët. De gauche à droite : Ahoua N’guetta, Usher, Assouan Kétouré, Benoit Brown, Clark Julienne Akobe, Ben Fofana, PR Houphouët, Beugré Constantin, Kragbé Gadou, Assoumou Martin, Konan Bédié, Antoine Koffi et Titi Boniface
« Le président Houphouët- Boigny est arrivé par « Bateau France », en compagnie du président Mobutu Sese Seko Kuku N’gbendu Wa Za Banga de la République du Zaïre. Ils ont été accueillis au port de New-York.
Pour en savoir plus sur la raison du choix du bateau, le président Houphouët- Boigny nous a fait savoir qu’il ne se sentait pas bien dans un avion. C'était donc pour cette raison qu'il préférait voyager en bateau.
Pendant son séjour à New York, le bureau du MEECI, dont j'étais le délégué social, a demandé une audience au chef de l’État, pour lui soumettre ses doléances. Grande surprise ! Le protocole, assuré par Monsieur Georges Ouegnin, nous fixa ce rendez-vous avec le président de la République, à Los Angeles.
Malheureusement, le rendez-vous n’arrangeait pas tous les étudiants, à cause des cours et le long déplacement de certains d’entre eux. Pour manifester notre mécontentement, nous avons refusé d’assister à la cérémonie d’anniversaire du président de la République, qui devait se tenir à Waldorf Astoria Hôtel, à New York.
Nous avons signifié notre décision au regretté ministre Nanlo Bamba, son ministre de l’Intérieur, et membre de la délégation. Le ministre peiné par cette décision des étudiants est allé voir le président pour lui dire que ses "enfants" étaient là, et qu’ils voulaient le voir pour parler avec lui. Puis le ministre est venu nous annoncer que le président souhaitait alors nous voir à la cérémonie d'anniversaire et nous recevoir après la réception.
Dans une salle des fêtes de l’hôtel où a eu lieu la cérémonie, après les discours d'usage et le découpage du gâteau d’anniversaire, le ministre Nanlo Bamba, dans son discours de souhait de bon anniversaire au président, a annoncé la présence des étudiants.
Après le toast, le président a dit : « Faites une place pour que je m’entretienne avec mes enfants. » En dix minutes, tout était prêt, toute la mise en place était impeccable. Le président a fait son entrée dans la salle sous les applaudissements des étudiants. Gadou Kragbé fut le premier à prendre la parole pour relater la situation générale des étudiants, et leur orientation politique.
À la suite du président du MEECI Gadou, j'ai à mon tour pris la parole en tant que délégué social et aussi au nom des non-boursiers des étudiants majoritaires aux États-Unis. »
SEM Félix Houphouët-BOIGNY félicitant M. Benoît Kamena Brown après son discours plaidoyer pour la cause des étudiants Ivoiriens non boursiers aux Etats-Unis d’Amérique
« Après nos doléances pour cette frange d’étudiants et ceux de nos frères boursiers, le président, séance tenante a demandé au ministre des Finances qui était Henri Konan Bédié de débloquer sur la base de la liste que j’ai soumise la somme de trois mille dollars pour aider chaque étudiant non boursier.
Cela devrait pouvoir les aider à s'inscrire dans les universités et les écoles spécialisées. Le président a ensuite remis une somme en espèces de dix mille dollars au bureau du MEECI.
Avant de partir le président m’a reçu, ainsi que les jeunes frères Kétouré (paix à son âme) et Ben Fofana. J'ai été le premier à être reçu. Je suis ressorti avec un grand sourire. Ce fut pareil pour les deux autres amis qui avaient aussi été reçus par le président. Jusqu’à ce jour, personne d’entre nous n’a jamais dit combien de somme d’argent il avait eu du président.
Le président m'avait personnellement demandé de rentrer en Côte d’Ivoire, pour un poste qu’il envisageait de me confier après mes études. Je lui avais alors faire savoir qu’il me resterait encore un an, et qu’il me fallait les moyens financiers pour assurer les frais de mes cours, afin d’éviter de travailler en même temps qu’aller à l'école. Il m’a donné les moyens financiers pour terminer mes études dans de bonnes conditions, et rentrer en Côte d’Ivoire comme il l'avait souhaité. Pour que j’y prenne part au développement du pays, la Côte d’Ivoire qui voyait en nous ses futurs cadres.
Après le départ du président et sa délégation en Côte d’Ivoire, le bureau exécutif du MEECI s’est retrouvé à Washington pour une réunion des membres. Au cours de cette rencontre, nous avons abordé le problème de l’utilisation des dix mille dollars offerts par le Président Houphouët-Boigny. Nous avons aussi décidé d’aider les non-boursiers en priorité, et ensuite les boursiers qui ont des problèmes.
Chargé par le bureau de dresser la liste des bénéficiaires, en tant que délégué social, j'ai été confronté à tous les étudiants et non-étudiants résident aux États-Unis. Chacun voulait avoir sa part du don présidentiel. Mon téléphone n’arrêtait pas de sonner pour les réclamations. Même les non-Ivoiriens possédant des passeports de la Côte d’Ivoire demandaient à figurer sur la liste des bénéficiaires. Beaucoup d’amis faisaient de petits deals pour se partager, ensuite, l’argent reçu. Le président Gadou Kragbé et moi-même, avons été traités d’escrocs dans un tract que des personnes non identifiées avaient fait circuler dans le but de nous dénigrer dans la communauté ivoirienne, du fait que la liste avait été sévèrement établie, avec des critères objectifs afin d’éviter les cafouillages dans le partage de cette manne financière. Tout s’était finalement bien passé, par la suite, même si nous avons découvert, après, trois bénéficiaires qui ne devraient pas être sur la liste, et qui possédaient de faux documents.
Après les sages conseils du président Houphouët- Boigny, prodigués pendant sa visite, j’ai décidé de terminer mes études et de rentrer en Côte d’Ivoire, vu les moyens qu’il avait mis à ma disposition. Après la fin de mes études, j’ai commencé un stage dans une société (ADVANTIS) où je gagnais déjà bien ma vie. J'empochais près de deux-cents à trois-cents dollars de pourboire, par jour, dans ce travail qui consistait à habiller les meubles. Éblouis par le dollar américain, j'avais commencé à repousser à plus tard mon retour en Côte d’Ivoire. Mais mon épouse, une Américaine noire, qui était professeur, m’a poussé à faire ma valise pour rentrer en Côte d’Ivoire. C’est ainsi que j’ai appelé le général Blonvia, pour lui annoncer la nouvelle de mon retour au pays. Il m’a dit que le président en avait déjà été informé par l’ambassadeur, qu'il me félicitait et demandait que je rentre effectivement. Il en avait donné les instructions à Monsieur Coffi Gervais, alors secrétaire général adjoint de la présidence, afin de prendre toutes les dispositions nécessaires pour me mettre en route, avec mon épouse. »
Par M. Benoît Kamena Brown
Extrait de son Livre Ma Dimension, Mon histoire, Moi aussi !
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